Page:Ausone - Œuvres complètes, trad Corpet, Tome II, 1843.djvu/9

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Dieu comme toi, en tout semblable et égal à toi, vrai Dieu né du vrai Dieu, Dieu vivant d’origine vivante. Instruit de tes commandements, il n’y ajoute qu’un précepte : c’est que l’Esprit, qui nageait au-dessus des eaux de la mer, raviverait par un bain régénérateur nos membres languissants. Croire à trois dieux en un seul et procédant d’un seul, c’est assurer le salut qu’on espère, si, à la foi qui confesse ce nombre, on joint la pratique de la vertu.

Une image de ce mystère se présente à nos yeux ici-bas : c’est Auguste le père, qui créa deux Augustes, et qui, entourant tout ensemble un frère et un fils de son divin amour, partage avec eux l’empire, sans le diviser, conserve seul toute la puissance, et la dispense tout entière. Donc, pour notre bonheur, sur cette trinité terrestre dont l’amour fait la force, sur ces maîtres bienfaisants du monde, sur ces ministres du ciel, ô Christ, appelle par ton intercession les grâces de ton père éternel.


II.

AUSONE À SON LECTEUR, SALUT.

Après Dieu, c’est mon père que j’ai toujours adoré : mon second culte, c’est à mon père qu’il était dû. Ainsi, cet hommage au Dieu très-haut sera suivi de l’Épicède de mon père. Ce mot, emprunté aux auteurs grecs, et consacré par eux à honorer les morts, n’est point un titre ambitieux, mais un terme de piété. Je le recommande à mon lecteur, qu’il soit fils, ou père, ou l’un et l’autre. Je n’exige point qu’on loue cet ouvrage ; mais je demande qu’on l’aime. Du reste, je ne fais point ici l’éloge de mon père, il n’en a pas besoin : je ne dois pas écraser un mort de ces jouets qui amusent les vivants. Je ne dis rien qui ne puisse être reconnu de ceux qui