Page:Austen - Emma.djvu/128

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rait

dû à l’amélioration de leur médiocre confort. M. Knightley lui avait maintes fois fait des allusions à ce sujet, et sa conscience l’avait également avertie, mais rien ne pouvait contrebalancer sa répugnance pour une assiduité qu’elle considérait comme une corvée et une perte de temps ; de plus, elle craignait toujours de rencontrer chez Mme Bates la société de second ordre qui fréquentait le modeste intérieur ; aussi allait elle rarement la voir. Avant d’entrer, Emma fit observer à Harriet que, d’après ses précisions, judicieusement établies sur les données du calendrier, elles avaient bien des chances, ce jour-là, d’échapper à une lettre de Jane Fairfax.

La maison, appartenait à des commerçants et les magasins occupaient tout le rez-de-chaussée. Mme et Mlle Bates habitaient l’appartement du premier étage ; elles accueillirent les visiteuses avec une extrême cordialité et une reconnaissance attendrie ; la vieille dame paisible et soignée qui était assise, en train de tricoter, dans le coin le plus abrité de la chambre voulait absolument donner sa place à Mlle Woodhouse et Mlle Bates les accabla littéralement de prévenances de tous genres, de remerciements pour leur visite, d’anxieuses interrogations concernant la santé de M. Woodhouse, de joyeuses communications sur celles de sa mère, de sucreries et de gâteaux.

« Mme Cole venait de partir : elle était entrée pour dix minutes et avait eu la bonté de rester plus d’une heure ; elle avait pris un morceau de gâteau qu’elle avait trouvé excellent ; elle espérait donc que Mlle Woodhouse et Mlle Smith leur ferait également la faveur d’en accepter un morceau. »

Emma comprit de suite que l’allusion à Mme Cole devait nécessairement en amener une concernant M. Elton : M. Cole, en effet était l’ami intime de M. Elton et Emma n’ignorait pas qu’il