Page:Austen - Emma.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 11 juillet 1910 [26]




EMMA


par Jane Austen


───


Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


────


Cette première effusion était suffisamment significative : puisque le coup était porté, Emma sentit que ce qu’elle avait de mieux à faire maintenant c’était d’écouter ; et Harriet s’empressa de commencer son récit :

— Elle était sortie de chez Mme Goddard, il y avait à peu près une demi-heure ; elle s’était mise en route avec l’espoir d’arriver à Hartfield avant l’averse ; malheureusement elle avait cru avoir le temps de s’arrêter chez la couturière pour un essayage et bien qu’elle ne fût restée que quelques minutes il pleuvait lorsqu’elle était sortie ; ne sachant que faire elle eut l’idée de chercher un abri chez Ford. C’était le magasin de nouveautés le plus important d’Highbury. J’étais assise depuis dix minutes quand soudain Elisabeth Martin et son frère pénétrèrent dans le magasin. Chère Mlle Woodhouse pouvez-vous imaginer mon trouble. J’ai cru que j’allais m’évanouir. J’étais assise non loin de la porte, Elisabeth me vit immédiatement, mais lui, qui se trouvait occupé à fermer son parapluie ne pouvait pas me voir ; ils se dirigèrent tous deux vers la partie opposée du magasin. Je suis sûre que j’étais aussi blanche que ma robe ! Je ne pouvais pas m’en aller à cause de la


Reproduction interdite