Page:Austen - Emma.djvu/160

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résolut de s’arrêter à Randalls ; mais il n’y avait personne à la maison ; le domestique supposait que ses maîtres avaient dû aller à Hartfield.

— C’est trop fort, dit Emma quand la voiture se fut remise en marche, et maintenant nous allons juste les manquer.

Elle s’enfonça dans le coin pour laisser à son désappointement le temps de s’évaporer. Peu après la voiture s’arrêta, Emma se pencha à la portière et aperçut M. et Mme Weston qui s’approchaient pour lui parler. Elle éprouva un vrai plaisir à leur aspect et se sentit toute réconfortée en entendant la voix de M. Weston :

— Comment allez-vous ? Nous venons de faire une visite à votre père, nous avons été contents de le trouver bien. Frank arrive demain ; j’ai eu une lettre ce matin ; il est aujourd’hui à Oxford et il se propose de passer une quinzaine de jours avec nous ; je m’attendais du reste à cette visite qui nous dédommagera amplement de notre désappointement du mois de décembre : maintenant le temps est tout à fait propice, nous allons pouvoir jouir de sa présence. Les événements ont pris exactement la tournure que je désirais !

Il n’y avait pas moyen de n’être pas gagné par la bonne humeur de M. Weston ; de son côté, avec moins de paroles et d’enthousiasme, Mme Weston confirma la bonne nouvelle, et Emma prit une part sincère à leur contentement. M. Weston fit le récit détaillé de toutes les circonstances qui permettaient à son fils d’être assuré d’une quinzaine d’entière liberté. Emma écouta, sourit et félicita.

— Je ne tarderai pas à l’amener à Hartfield, dit M. Weston en manière de conclusion.

Emma s’imagina que Mme Weston touchait à ce moment le bras de son mari.

— Nous ferons bien de continuer notre route dit Mme Weston ; nous retenons ces jeunes filles.

— Eh bien ! je suis prêt, répondit-il.

Et, se retournant vers Emma, il ajouta :

— Mais il ne faut pas vous attendre à voir un