Elle ouvrit la porte du salon et vit deux messieurs assis avec son père : M. Weston et son fils. Ils venaient seulement d’arriver et M. Weston finissait à peine d’expliquer que Frank était arrivé un jour à l’avance ; M. Woodhouse en était encore aux politesses de l’accueil et aux félicitations.
Frank Churchill, dont on avait tant parlé se tenait enfin en personne devant les yeux d’Emma ; c’était un très joli homme ; taille, air, tenue, tout était irréprochable ; il avait beaucoup de l’animation et de la vivacité de son père et paraissait intelligent. Elle se sentit immédiatement portée à avoir de la sympathie pour lui ; et de son côté il témoignait clairement, par l’aisance et la cordialité de ses manières, de son désir de faire plus ample connaissance.
— Je vous avais bien assuré hier, dit M. Weston en exultant, je vous avais bien assuré qu’il arriverait avant l’heure fixée. On ne peut pas résister au plaisir de surprendre ses amis et celui qu’on procure compense largement les petits ennuis et la fatigue auxquels on s’est exposé.
— Sans doute répondit Frank Churchill, pourtant je ne prendrais pas la liberté d’agir de la sorte avec tout le monde ; mais en rentrant à la maison je me suis cru tout permis.
Quand il prononça les mots « à la maison », son père le regarda avec plus de complaisance encore. M. Frank Churchill se déclara ensuite enchanté de Randalls ; il trouvait la maison parfaitement aménagée, c’est à peine s’il voulait admettre qu’elle était petite ; il admirait le site, la route qui conduit à Highbury, la petite ville elle-même et surtout Hartfield ; il assurait avoir toujours éprouvé un intérêt spécial pour son pays natal et un grand désir de le visiter. Emma ne put s’empêcher de s’étonner intérieurement qu’il n’ait pas satisfait depuis longtemps une aussi légitime aspiration ; de toute façon ses manières ne dénotaient aucune affectation et son contentement paraissait sincère.