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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 17 juillet 1910 [29]




EMMA


par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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Ils entrèrent ; les élégantes liasses de gants « Yorktan » furent rapidement descendues et défaites sur le comptoir. Tout en faisant son choix, Frank Churchill reprit :

— Mais je vous demande pardon, Mademoiselle Woodhouse, de vous avoir interrompue ; soyez assez bonne pour répéter ce que vous disiez au moment de ma manifestation d’amor patriæ.

— Je demandais simplement si vous aviez des rapports fréquents avec Mlle Fairfax à Weymouth ?

— Votre question, je l’avoue, m’embarrasse un peu. L’appréciation du degré d’intimité est le privilège de la femme. Je ne voudrais pas me compromettre en prétendant à plus qu’il ne plaît à Mlle Fairfax d’accorder.

— Sur ma parole, Mlle Fairfax elle-même ne répondrait pas avec plus de discrétion ! Mais tranquillisez-vous, elle est si réservée, si peu disposée à donner la moindre information que vous avez toute liberté d’interpréter à votre guise la nature de vos relations.

— Vous croyez ? Alors, je dirai la vérité ; c’est ce que je préfère. Je la voyais souvent à Weymouth ; j’avais connu les Campbell à Londres et nous faisions partie à peu près de la même coterie.


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