Page:Austen - Emma.djvu/174

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d’un aimable caractère ; je ne puis rien trouver à redire aux idées du jeune homme, lesquelles, sur beaucoup de points, méritent même une complète approbation : il semble avoir une véritable affection pour son oncle qui serait, dit-il, le meilleur des hommes s’il ne se laissait pas influencer ; il reconnaît la bonté dont sa tante fait preuve à son égard et parle d’elle avec respect.

M. Weston, à son tour, s’efforça de faire apparaître son fils sous un meilleur jour.

— Frank vous trouve très belle, dit-il, et vous admire à tous les points de vue.

Tout l’ensemble était plein de promesses et, sans cette malheureuse fantaisie de la coupe de cheveux, Emma aurait jugé Frank Churchill tout à fait digne de l’honneur que son imagination lui faisait en le supposant amoureux d’elle ou du moins sur le point de le devenir. Sa propre indifférence (car elle persistait à ne pas vouloir se marier) était sans doute le principal obstacle aux projets matrimoniaux de ses amis de Randalls.

Peu après l’arrivée de M. et de Mme Weston, on apporta une lettre à Emma ; c’était une invitation à dîner de la part de M. et de Mme Cole : ces derniers étaient établis à Highbury depuis plusieurs années et ils étaient à la tête d’une importante maison de commerce. Tout le monde s’accordait à les considérer comme d’excellentes gens, obligeants, généreux et sans prétention. Au début, ils avaient vécu sur le pied d’une large aisance, limitant leur hospitalité à quelques amis. Leurs affaires ayant prospéré et leurs moyens s’étant considérablement accrus, ils éprouvèrent bientôt le besoin d’être logés plus grandement et d’étendre leurs relations ; ils ajoutèrent une aile à leur maison, augmentèrent le nombre de leurs domestiques et enflèrent leurs dépenses en général ; ils étaient maintenant, après les châtelains d’Hartfield, ceux qui menaient le plus grand train de vie.

(À suivre.)