Page:Austen - Emma.djvu/186

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Frank Churchill ne tarda pas à rejoindre les dames au salon ; après avoir présenté ses compliments à Mlle Bates et à Mlle Fairfax, il se dirigea directement vers le côté opposé du cercle et attendit pour s’asseoir de trouver une place auprès de Mlle Woodhouse, marquant ainsi clairement sa préférence ; Emma le présenta à son amie, Mlle Smith, et au moment opportun, elle devint tour à tour leur confidente.

« Il n’avait jamais vu une si ravissante figure et était charmé de la naïveté de la jeune fille. »

Et, de son côté, Henriette déclara :

— C’était, sans aucun doute, lui faire un trop grand compliment, mais M. Frank Churchill lui rappelait un peu M. Elton.

Emma retint son indignation et se détourna en silence. Elle donna toute son attention au jeune homme.

« Il avait attendu avec impatience, lui dit-il, le moment de quitter la salle à manger ; son père, M. Knightley, M. Coxe et M. Cole étaient actuellement occupés des affaires de la paroisse ; en sa présence pourtant la conversation s’était maintenue fort agréable, tout à fait digne d’hommes distingués et intelligents. »

Emma le questionna sur la société du Yorkshire, les ressources et la composition du voisinage ; il lui donna toutes les informations y afférentes : les réceptions à Enscombe étaient rares, les visites échangées se limitaient à une classe de grandes familles habitant à d’assez grandes distances ; du reste alors même que les invitations étaient faites et les jours fixés, Mme Churchill ne se trouvait généralement pas dans un état de santé ou dans une disposition d’esprit qui lui permît de mettre ses projets à exécution ; son oncle et sa tante ne faisaient par principe aucune nouvelle connaissance ; il avait ses relations particulières, mais ce n’était pas sans difficulté et sans déployer beaucoup d’adresse qu’il pouvait parfois s’échapper ou obtenir l’autorisation de faire une invitation pour une nuit.

(À suivre.)