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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 4 août 1910 [46]




EMMA


Par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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e

Frank Churchill avait repris sa place auprès d’Emma ; Mme Elton et Jane Fairfax étaient assises derrière eux et Emma ne put s’empêcher d’entendre leur conversation. Après un certain nombre de compliments à l’adresse de Jane, Mme Elton, qui désirait évidemment être louée à son tour, ajouta :

— Aimez-vous ma robe ? Ma garniture ? Comment Wright m’a-t-elle coiffée ?

Beaucoup d’autres questions sur le même sujet furent posées et Jane y répondit avec patience et politesse. Puis Mme Elton continua :

— Personne ne saurait être plus indifférente à la toilette que je ne le suis, mais dans une occasion comme celle-ci, où tout le monde a les yeux fixés sur moi, et pour faire honneur aux Weston qui, j’en ai la persuasion, donnent ce bal à mon intention, je ne puis me dispenser d’apporter un peu de recherche à mon ajustement. Je ne vois guère de perles en dehors des miennes ! Frank Churchill dites-vous est un danseur de premier ordre ? Vous jugerez si nos styles s’accordent. Je le trouve très bien.

À ce moment Frank se mit à parler avec une extrême volubilité et Emma se rendit compte qu’il craignait d’entendre son propre éloge. Mais M. Elton s’étant approché, la voix de Mme Elton domina de nouveau :

— Vous avez fini par nous découvrir dans notre retraite, s’écria Mme Elton en s’adressant à son mari, je disais justement à Jane que vous deviez vous inquiéter de notre sort.


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