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Page:Austen - Emma.djvu/313

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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 11 août 1910 [53]




EMMA


Par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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XLIV


En entrant dans le salon d’Harfield, Emma trouva M. Knightley et Henriette assis avec son père. M. Knightley se leva aussitôt et dit d’un ton sérieux :

— Je n’ai pas voulu partir sans vous voir, mais je n’ai pas le temps de prolonger ma visite : je vais à Londres passer quelques jours avec John et Isabelle. Avez-vous une communication dont je puisse me charger ou un message à transmettre ?

— Non, merci. Mais voici un projet bien soudain !

— J’y pensais depuis quelque temps déjà.

Emma observait M. Knightley et, d’après son attitude, elle jugeait qu’il n’avait pas pardonné ; il restait debout, prêt à partir.

— Eh bien ! Emma, intervint M. Woodhouse. Comment avez-vous trouvé mon excellente amie et sa fille ? Je suis sûr qu’elles ont été très touchées de votre visite. Je crois vous l’avoir dit, Monsieur Knightley, ma chère Emma arrive de chez Mme Bates : elle est toujours si attentionnée !

Emma rougit à cet éloge immérité et, en même temps, elle se tourna vers M. Knightley en souriant. L’effet fut instantané : il lut dans le regard de la jeune fille les sentiments de contrition et les bonnes intentions qui l’animaient. Emma fut heureuse d’être si bien comprise et plus encore de la marque d’amitié qui suivit : il prit la main de la jeune fille, la serra


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