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— Merci ! C’est justement ce que je voulais savoir. Adieu, adieu.




LII


Les amis de Mme Weston eurent bientôt la satisfaction d’apprendre son heureuse délivrance. La nouvelle de la naissance d’une petite fille doubla la joie d’Emma. Elle avait toujours désiré l’apparition d’une petite Mlle Weston. L’idée d’un mariage entre la nouvelle venue et un des fils d’Isabelle avait déjà germé dans son esprit, mais elle ne voulait pas se l’avouer à elle-même et se contentait d’énumérer à M. Knightley les avantages que les parents trouveraient à la présence continuelle d’une petite créature à leur foyer.

— Il eût été fâcheux, ajoutait-elle, que Mme Weston n’ait pas trouvé l’occasion d’exercer ses talents d’institutrice. Elle a pu acquérir de l’expérience avec moi comme la baronne d’Almane avec la comtesse d’Ostalis dans Adélaïde et Théodore, de Mme de Genlis, et nous verrons maintenant sa propre petite Adélaïde élevée d’après un plan plus parfait.

— Voici : elle la gâtera encore plus qu’elle ne vous a gâtée, tout en croyant être très sévère ; ce sera la différence.

— Malheureuse enfant ! reprit Emma. Quel avenir lui est réservé !

— Comme beaucoup d’autres elle sera insupportable pendant son enfance et la sagesse viendra peu à peu avec l’âge. Je me sens maintenant enclin à modifier mon opinion en ce qui concerne les enfants gâtés, ma chère Emma ; je vous suis redevable de tout mon bonheur : il ne m’est donc pas permis de me montrer sévère à leur égard !

Emma se mit à rire et reprit :

— Mais j’avais, moi, l’assistance de toutes vos réprimandes pour contrebalancer les mauvais effets de l’indulgence. Je doute que mon propre bon sens eût suffi à me corriger.