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fait avec son père une étude approfondie de l’histoire et des belles-lettres, et sa mémoire était excellente : ses auteurs favoris étaient Jonhson pour la prose, et Cowper pour la poésie. Elle connaissait à fond tous les ouvrages de morale, et bien jeune encore elle sentait les mérites et les défauts des écrivains les plus renommés de l’Angleterre. Elle admirait l’imagination de Richardson, et surtout le beau caractère de Grandisson : elle le prit pour modèle dans la peinture animée et suivie des différens caractères ; mais son bon goût naturel lui fit éviter les longueurs de cet auteur, prolixe jusqu’à en être fatigant. Elle plaçait Fielding très au-dessous ; sans aucune affectation de pruderie, son goût repoussait tout ce qui s’écartait de la stricte décence ; ni le naturel, ni l’esprit, ni la gaîté ne pouvaient la dédommager de ce qui lui paraissait bas et trivial ; ses écrits en sont la preuve. Le talent de créer des caractères et d’en saisir toutes les nuances semblait né avec elle, et presque sans bornes ; rien n’échappait à sa péné-