Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/206

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L’amiral avait le fouet en l’air pour faire partir son cheval, quand le capitaine Wentworth sauta par-dessus la haie pour parler à sa sœur, et ce qu’il lui dit fut compris par ce qui suivit. « Miss Elliot, cria M.{e}} Croft immédiatement, je suis sûre que vous êtes très-fatiguée ; procurez-nous le plaisir de vous ramener chez vous, je vous en conjure. Tenez, dit-elle en se serrant contre son mari, vous voyez qu’il y a là une excellente place ; si nous étions aussi minces que vous, il y en aurait deux ; mais profitez de celle-ci ; venez, venez, je vous en prie ; je le veux absolument. »

Alice était encore dans le chemin ; elle remercia ; mais cette fois les Croft ne tinrent pas compte de son refus ; l’amiral se joignit à sa femme ; tous deux lui dirent qu’ils exigeaient qu’elle montât dans le phaëton, et qu’ils croiraient qu’elle méprisait leur modeste équipage si elle ne se rendait à leurs instances. Ainsi pressée, elle se crut obligée de céder ; à peine eut-elle consenti, que, sans dire un mot, le capitaine Wentworth s’approcha d’elle, lui prit respectueusement la main, et l’aida à monter dans le phaëton.

Oui, c’était lui, c’était Frederich, et presque son Frederich d’autrefois ! Elle sentait