pondre ; mais l’amiral attendit qu’il fût passé, et renouvela sa question : « N’est-ce pas, miss Alice, que Frederich est plus digne de captiver le cœur des belles que James Bentick ? »
Après un moment d’hésitation, Alice dit : « Dispensez-moi de faire une comparaison entre deux amis ; leur amitié prouve que dans des genres différens ils ont un égal mérite.
— Plaisante amitié que de lui voler sa maîtresse pendant son absence ! et c’est vrai au moins ; nous le savons de Frederich lui-même ; sa sœur reçut enfin hier une lettre de lui dans laquelle il nous l’apprend. J’ai aussi une lettre du capitaine Harville, datée d’Upercross : je m’imagine qu’ils sont tous à Upercross.
Alice saisit cette occasion pour demander à l’amiral ce qu’elle désirait et craignait d’apprendre : « J’espère, lui dit-elle, qu’il n’y a rien dans le style du capitaine Wentworth qui puisse inquiéter madame Croft. Il me semblait aussi qu’il se formait un attachement entre lui et Louisa Musgrove ; mais je présume que s’il y avait quelque engagement, il a été rompu sans mauvais procédé, sans trahison ; j’espère que cette lettre n’annonce pas la colère d’un homme blessé de cette rupture ?…
— Non, du tout ; il n’y a pas un murmure,