Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/130

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À peine Alice avait-elle achevé sa phrase, que M. Elliot parut : le capitaine Wentworth le reconnut à l’instant. Il n’y avait aucune différence entre l’homme qui entrait et celui qui descendait les marches de la rapide montée de Lyme, et qui s’arrêta pour les laisser passer, en admirant Alice ; il était facile de retrouver la même expression sur sa physionomie en parlant à sa cousine, mais il s’y joignait de plus la douce familiarité d’un parent et d’un ami : il paraissait ne chercher et ne voir qu’elle seule. Il vint d’abord près d’elle, s’excusa d’être resté aussi long-temps, lui fit adroitement sentir que l’espoir de trouver le carrosse parti l’avait engagé à retarder son retour ; il la remercia de l’avoir attendu, et la pressant de profiter d’un moment où la pluie avait diminué, il passa doucement le bras de sa cousine sur le sien et l’entraîna ; elle put à peine jeter un doux et timide regard sur Wentworth et lui rendre son salut.

Aussitôt qu’ils furent hors de vue, les dames avec lesquelles Wentworth était entré parlèrent de miss Alice. « Son cousin paraît l’aimer ? dit l’une d’elles en riant. — Elliot en est très-amoureux, reprit une autre, et sans être sorcier, on peut prédire ce qui va arriver ; il est