Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/154

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connu votre caractère, vos talens, votre personne, vous enfin, bien long-temps avant que je vinsse à Bath. Ce portrait, Alice, m’a été fait par une personne qui vous connaissait très-intimement, qui vous a beaucoup aimée, avant que des circonstances que je ne vous rappellerai pas l’aient séparée de vous. On vous rendait encore toute la justice que vous méritez. Jamais vraiment, me disait-on, il n’a existé créature plus aimable sous tous les rapports ; loin de tirer vanité de sa figure, de ses talens, de sa naissance, on dirait qu’elle ignore tous ses avantages ; et le caractère le plus parfait, la sensibilité la plus douce et la plus active, se joignent à ses agrémens pour faire d’Alice Elliot un être adorable. Voilà ce que j’ai entendu, et ce qui se grava dans mon cœur : direz-vous encore que je ne vous connais pas ? »

Il avait parlé si vivement, qu’Alice n’avait pu lui répondre, ni interrompre un éloge qui excitait à-la-fois sa confusion et sa curiosité. Qui dans le monde avait pu la voir sous un point de vue aussi favorable ? Tout ce qu’elle venait d’entendre lui paraissait si exagéré, qu’il fallait qu’une prévention extraordinaire eût dicté un portrait aussi flatté. Ce ne pouvait