Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/161

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encore une fois au capitaine Wentworth, ou échangé un regard amical ; elle peut encore du moins retrouver son amitié. Ah ! que ce mot lui paraissait faible après ce qu’elle avait espéré !

En rentrant dans la salle, il s’opéra plusieurs changemens de place, et le résultat lui fut favorable. Le colonel Wallis ne voulut point s’asseoir, et M. Elliot fut invité par miss Elisabeth et madame Clay, de manière à n’être pas refusées, à se mettre entre elles. Il y eut encore quelques changemens sur le banc où était Alice, et avec un peu d’adresse elle céda sa place, qui était au milieu, à une dame, et se trouva, comme elle le désirait, tout-à-fait au bout du banc. Elle ne pouvait s’empêcher d’avoir un peu de honte d’elle-même, de se donner tant de peine pour rapprocher d’elle un homme qui ne paraissait pas en avoir la moindre envie. Tout le monde était placé ; il y avait près d’Alice un grand espace vide ; il n’aurait tenu qu’à lui d’y venir ; elle le voyait debout assez près d’elle ; elle s’aperçut qu’il la voyait aussi. Wentworth avait l’air très-sérieux et ne parlait à personne ; il semblait irrésolu sur ce qu’il devait faire, Alice détourna ses regards ; peu à peu cependant Wentworth avançait, et