Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/17

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tins de Lyme, qui parvinrent à miss Elliot sans qu’elle sût de quelle part, et qui lui donnèrent des nouvelles plus satisfaisantes de Louisa. Lorsque lady Russel fut reposée, sa politesse et l’usage du monde dont elle se piquait plus que personne reprirent le dessus, et lui firent sentir qu’elle ne pouvait plus retarder sa visite chez les Croft.

« Il faut que j’y aille absolument, dit-elle un matin : Alice, avez-vous le courage d’y venir avec moi, de revoir cette maison ? Ce sera une rude épreuve pour toutes deux. »

Alice y consentit d’abord, et sentait véritablement ce qu’elle dit à Lady Russel :

« Vous devez souffrir plus que moi ; j’ai mieux pris mon parti que vous sur ces changement, et je m’y suis tout-à-fait accoutumée en demeurant dans le voisinage. » Elle aurait pu ajouter : Et par la bonne opinion qu’elle avait prise de ceux qui remplaçaient son père à Kellinch-Hall. La paroisse avait l’excellent exemple d’un ménage bien uni, les pauvres tous les secours d’une charité active et de la bienveillance. Elle était forcée de s’avouer à elle-même que Kellinch-Hall avait tout gagné en changeant de maître. Cette conviction avait bien son côté pénible qu’elle sentait vivement ;