Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/175

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qu’il est très-naturel qu’il ne pense pas à moi ; sur cent hommes, quatre-vingt-dix-neuf feraient de même. Il ne sait pas de quelle importance cette affaire est pour moi ; il me croit morte peut-être… Enfin, chère Alice, je veux espérer que vous serez heureuse ; M. Elliot donne une preuve de bon sens et d’un goût parfait en s’attachant à vous ; il sentira le prix d’une telle femme ; il voudra être digne de votre choix ; votre paix domestique, votre bonheur, ne seront pas détruits comme ils l’ont été pour moi ! Il ne trouvera pas de faux amis pour l’égarer ; il ne vous laissera pas entraîner dans sa ruine.

— Non, dit Alice avec bonté ; je puis croire tout ce que-vous me dites de mon cousin ; il me paraît avoir un caractère calme et décidé, qui n’est ouvert à aucune dangereuse impression. J’ai pour lui beaucoup d’estime, et, d’après mes observations, je n’ai aucune raison de le juger autrement. Est-ce que cette manière de parler de lui ne doit pas vous convaincre, ma chère madame Smith, qu’il m’est à tout autre égard très-indifférent ? Vous voyez que j’en parle avec calme ; et, sur ma parole, M. Elliot n’est rien de plus pour moi qu’un parent aimable, je ne dirai pas même un ami ;