Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/179

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mon pauvre Smith ; je le voyais tous les jours.

— En vérité ! Dites-moi donc ce qu’il était alors ? J’ai grande envie d’apprendre quelque chose de la jeunesse de M. Elliot : je ne sais, mais je crois qu’il était bien différent de ce qu’il paraît être aujourd’hui.

— Je n’ai point vu M. Elliot les trois dernières années, » fut la réponse que madame Smith fit avec un air de réserve et de gravité tel, qu’il fut impossible à Alice d’aller plus loin sur ce sujet. Elle sentit qu’elle n’avait gagné qu’un plus vif désir d’apprendre ce qu’on ne voulait pas lui dire.

Toutes deux restèrent en silence, et madame Smith très-pensive ; après quelques minutes, elle prit la main de son amie : « Je vous demande pardon, ma chère miss Elliot, lui dit-elle de son ton de cordialité ordinaire ; je vous demande pardon de la sèche et courte réponse que je vous ai faite ; mais j’étais incertaine de ce qu’il fallait vous découvrir ou vous cacher, et j’ai voulu réfléchir un moment. Il y avait bien des choses à considérer ; on craint quelquefois d’être trop officieuse, de donner de mauvaises impressions, d’être la cause de quelque malheur ; même la douce surface des rela-