Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/204

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qu’il tomba malade et mourut sans connaître lui-même à fond le triste état de ses affaires et sans se défier de l’amitié de M. Elliot. Avec une confiance qui prouvait mieux sa sensibilité que son jugement, il l’avait nommé son exécuteur testamentaire. M. Elliot refusa, en disant que la succession était trop embrouillée et qu’il n’avait pas le temps de s’en occuper. Les difficultés et la gêne que ce refus m’occasionna, jointes au chagrin d’avoir perdu l’époux que je chérissais, altérèrent ma santé, et me réduisirent à l’état où je suis actuellement ; pauvre, infirme, sans secours, je ne puis accuser de ma détresse que celui que j’ai cru long-temps mon ami.

Ce triste récit avait rouvert les plaies du cœur de madame Smith, et ranimé son indignation contre M. Elliot ; Alice la partageait au plus haut degré. Jusqu’alors elle n’avait pu croire qu’il existât un homme aussi dénué de tout sentiment, aussi profondément dépravé ; et cet homme était son parent, eût été son mari peut-être, si Wentworth n’avait pas uniquement rempli son cœur. Cette réflexion redoubla sa haine pour l’un et son amour pour l’autre, il lui semblait qu’elle devait de la reconnaissance à Wentworth pour l’avoir pré-