Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui inspirait aucun respect ; jamais il ne l’avait aimée. J’espérais que votre sort serait différent ; et si mon Alice, séduite par son extérieur agréable et par son esprit, s’était attachée à lui, comme je n’en doutais pas, devais-je déchirer son cœur sans espoir de guérir ses blessures ? Mais avec quelle joie, chère Alice, j’ai appris que ce cœur si pur ne serait jamais à lui ! Alors il était de mon devoir de vous le faire connaître. »

Alice frémit de l’idée qu’elle aurait pu être entraînée à l’épouser ; ne pouvait-elle pas y être encore engagée par lady Russel, qui avait une si haute opinion de lui ? Elle le dit à madame Smith, en lui demandant la permission de tout découvrir à sa protectrice. « Quoi ! s’écria madame Smith, la sage, la prudente lady Russel est prévenue pour M. Elliot ! Je ne veux pas d’autre preuve de son hypocrisie, de son talent à se montrer si différent de ce qu’il est, quand son intérêt est en jeu ; et ici il y est doublement : elle employait sur vous son influence, et voulait récompenser la docilité de son élève chérie en la faisant son héritière. Je suis bien sûre que c’était le calcul de M. Elliot. Mais il sera trompé cette fois, et vous allez lever le masque qui le cache aux yeux de lady Russel.