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CHAPITRE X.


Alice était fort occupée de tout ce qu’elle avait entendu de M. Elliot ; il ne méritait ni son amitié ni son estime, et sa pitié pour lui était entièrement évanouie ; elle s’affligea en pensant au mal que ses attentions pour elle au concert pouvaient lui avoir occasionné, si Wentworth, croyant qu’elle aimait son cousin, s’éloignait d’elle. Cette crainte oppressait son cœur : elle redoutait encore la vengeance de cet homme astucieux et méchant lorsqu’il se verrait démasqué ; la mortification de lady Russel en apprenant combien elle s’était trompée à l’égard de M. Elliot ; la colère d’Elisabeth, de son père, et peut-être leur incrédulité sur les torts prétendus de leur parent. Comment s’y prendra-t-elle pour les leur prouver ? Nommera-t-elle son amie ? Madame Smith n’aura nul crédit sur l’esprit de sir Walter ni sur sa fille, et sera exposée à la vengeance de celui qui lui a déjà fait tant de mal. Alice avait trop d’obligations à cette sincère et courageuse amie