Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/228

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che. Henriette, embellie encore par l’amour et le bonheur, était dans cet état de douce émotion qui dispose l’âme à chaque sentiment tendre. La présence d’Alice lui rappela le temps où elle avait bien peu d’espoir d’être si tôt heureuse ; et le plaisir de la retrouver, quand ses faibles espérances étaient devenues une réalité, fut encore plus vivement senti. Maman Musgrove, à qui les attentions d’Alice avaient été si utiles dans sa détresse maternelle, jouissait de lui faire partager son bonheur actuel : tous ses sentimens furent exprimés avec une vivacité, une chaleur, une confiance, qui la touchèrent excessivement et d’autant plus qu’elle ne trouvait rien de semblable dans sa propre famille : elle éprouvait donc à-la-fois plaisir et peine ; mais elle cacha son chagrin pour ne montrer à ses amis que sa joie et son amitié. Elle fut suppliée de donner tout le temps dont elle pourrait disposer, et fut invitée pour chaque jour du matin au soir, ou plutôt réclamée comme faisant partie de leur famille ; en retour, Alice leur offrit assistance pour leurs emplettes de noce, leur nomma les meilleurs marchands et promit de les accompagner. Elle écouta sans impatience l’histoire entière du mariage de Louisa,