Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/246

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bientôt, et avaient fait promettre à leur mère de garder Alice jusqu’à leur retour. Elle n’était pas seule ; d’autres visiteurs venaient d’arriver : c’étaient madame Croft et son frère le capitaine Wentworth. Ce dernier causait avec son ami Harville : madame Croft et madame Musgrove s’entretenaient ensemble de leur côté ; Alice se plaça près d’elles, et sentit revenir toutes ses agitations de la veille, qu’elle avait cherché à oublier, en s’efforçant de penser à autre chose ; mais au moment où elle aperçut Wentworth, elle retrouva le même battement de cœur, la même émotion, les mêmes incertitudes, enfin ce qui la rendait à-la-fois si heureuse et si malheureuse en présence de Frederich ; elle aurait pu dire : C’est un bonheur plein de tourmens, ou un tourment plein de bonheur. Il l’avait saluée de loin sans s’avancer. Deux minutes après, elle entendit qu’il disait à Harville : « Nous allons, si vous le voulez, écrire la lettre dont vous m’avez parlé ; procurez-moi du papier et une écritoire. »

Il y avait tout ce qu’il fallait sur une table séparée ; il y alla, et s’y établit en tournant le dos à la compagnie.

Madame Musgrove racontait à madame Croft l’histoire du mariage, de sa fille aînée, sans