Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/262

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prends pas qu’il y ait tant de choses à expliquer pour faire monter un portrait. »

Alice ne répondit rien ; elle pensait, dans ce moment, que peut-être il était plus cruel encore de donner cette commission à Wentworth qu’au frère de Fanny, et que le temps qu’il mettait à écrire était une preuve qu’il lui en coûtait. Si elle eût été seule avec le capitaine Harville, elle n’aurait pas hésité à le lui dire ; mais si près de Wentworth, dans la même chambre, c’était bien impossible ; elle resta donc silencieuse. On aurait dit que le capitaine Harville devinait sa pensée ; il se rapprocha, et, baissant la voix de manière à n’être entendu que d’elle, il lui dit en souriant : « Je vous rappellerai encore Lyme ; aucun de nous n’aurait pu croire alors que Wentworth serait chargé d’envoyer à Louisa Musgrove un autre portrait que le sien : eh bien ! nous étions tous dans l’erreur. Je ne tardai pas à voir que cet amour prétendu n’était, des deux côtés, que dans la tête et non dans le cœur. Le pavé du cobb fut pour tous deux la pierre de touche : ne le pensez-vous pas ainsi, miss Elliot ? » Elle fut dispensée de répondre.

Dans ce moment, madame Croft se leva pour prendre congé de la compagnie ; elle s’ap-