Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/281

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m’apprit enfin que Bentick aimait éperdument Louisa ; qu’elle lui rendait amour pour amour ; que si je n’y mettais obstacle, il était décidé à faire sa demande aux parens Musgrove, et si elle était accueillie, de se marier dès que la santé de Louisa serait rétablie. Y mettre obstacle ! grand Dieu ! c’est avec des transports de joie que j’appris cette nouvelle. Certainement que Bentick fut moins heureux en apprenant de la bouche de Louisa qu’elle l’aimait que je ne le fus en apprenant qu’elle ne m’aimait pas ; que, dégagé des liens dont j’avais cru devoir me charger, je pouvais encore prétendre au bonheur, le tenter du moins, faire quelque chose pour y parvenir ; être dans l’inaction, avec l’attente du malheur, est aussi trop cruel ! À peine eus-je achevé la lettre d’Harville, que je m’écriai : Alice est à Bath, j’y serai mercredi, et j’y étais. Avant de partir, j’écrivis à Bentick et à Louisa, et tous deux durent voir, à la vivacité de mes félicitations, que je ne m’opposais pas à leur bonheur. » Alice crut qu’il avait fini, et se leva ; mais les amans heureux sont très-babillards ; Wentworth avait encore beaucoup de choses à dire, et sa compagne ne se lassait pas plus de l’écouter que lui de parler. « Je ne vous cacherai pas, dit-il, que