Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/32

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aura le nez collé sur chaque page sans écouter ce qu’on lui dit, sans relever vos ciseaux ou vos gants s’ils tombent, sans avoir jamais un mot galant à vous adresser. Comment peut-on penser que lady Russel aimera un tel homme ? elle toujours si polie, et qui parle si bien ! »

Lady Russel sourit. « Vous voulez gagner votre juge, Maria, lui dit-elle. Vraiment, je suis curieuse de voir une personne sur laquelle les opinions sont si différentes : je désire fort qu’on l’engage à venir chez moi ; quand je l’aurai vu, je vous promets de vous dire ce que j’en pense ; jusqu’alors, brisons là-dessus ; je ne veux pas être influencée.

— Vous ne l’aimerez pas, j’en réponds. Notre cousin Elliot est, j’en suis sûre, beaucoup plus aimable ; il a de si jolis chevaux ! tout-à-fait la tenue d’un homme comme il faut. Si nous lui avions seulement parlé ! » Maria conta alors avec beaucoup de feu leur rencontre à Lyme avec M. Elliot, qu’elle trouvait très-singulière.

« Pour celui-là, dit lady Russel, je décide, sans l’avoir vu, qu’il m’est insupportable, et que je n’ai nulle envie de le connaître. Son refus de rendre ses devoirs au chef de la famille, son mariage sans le consulter, tous ses