Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/36

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doré, causaient, riaient toutes ensemble. De l’autre, une grande table, succombant sous le poids des gâteaux et des viandes de toute espèce, était entourée d’une demi-douzaine de jeunes garçons de dix à douze ans, moitié Harville, moitié Musgrove, sautant, criant, se battant à qui viderait le plus tôt les plats et ferait le plus de vacarme. Un feu de charbon de terre pétillait dans la grille de la grande cheminée, et augmentait le bruit général. Charles et Maria étaient là aussi, le premier excitant les enfans, la seconde grondant d’une voix aigre ; M. Musgrove faisant les honneurs du salon à lady Russel, en lui parlant comme s’il eût été au milieu de ses bois, et ayant peine à se faire entendre. C’était un beau tableau d’une famille anglaise aux fêtes de Noël.

Lady Russel, la main sur le front, fit signe à Alice que sa tête en sautait ; Alice elle-même, quoiqu’elle aimât les enfans, les trouvait un peu trop nombreux et bruyans. Maman Musgrove la fit asseoir près d’elle pour la remercier plus cordialement de ses attentions pour eux tous pendant le terrible accident de sa fille ; elle récapitula minutieusement tout ce qu’elle avait souffert elle-même : « Mais il n’en est plus question, dit-elle en jetant un doux regard au-