Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

risquer en restant comme ils étaient. Suivant les apparences, M. Elliot était le plus riche des deux, et la terre de Kellinch, ainsi que le titre qui y était attaché, ne pouvait lui échapper. Du côté de l’agrément, hélas ! Alice savait trop combien il y en avait peu dans la société de son père et de sa sœur, pour qu’un homme spirituel et aimable, comme l’annonçait la physionomie de M. Elliot, pût se plaire chez eux. Une seule solution se présentait à son esprit, et pouvait expliquer sa conduite : sans doute il avait été frappé de la beauté d’Elisabeth lorsqu’il l’avait vue à Londres dans tout l’éclat de sa jeunesse, et il avait pris de l’amour pour elle ; mais, trop jeune et trop timide pour se déclarer d’abord, il l’avait laissée repartir ; et, comme il arrive souvent à cet âge d’autres circonstances, d’autres liaisons, une femme aussi belle que sa cousine, plus riche, plus aimable peut-être (ce qui n’était pas difficile), l’avait entraîné ; il s’était marié, et n’avait plus cherché à la revoir : mais étant redevenu libre de lui offrir ses hommages, ses anciens sentimens s’étaient réveillés ; il était revenu à Bath ; et, la retrouvant presque aussi bien qu’il l’avait laissée, il s’y