Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait repris son froid dédain ; sir Walter, au contraire, était encore plus amical, et la regardait souvent d’un air de satisfaction. Quand on eut achevé de déjeûner, les deux intimes se retirèrent ; Alice resta seule avec son père. Il commença à la complimenter sur sa bonne mine. « Vous n’êtes plus la même, Alice, et je ne vous ai jamais vue aussi bien ; vous avez de l’embonpoint, de la fraîcheur, le teint clair, uni ; vous êtes, en vérité, très-présentable, et j’en suis charmé, je vous assure. Avez-vous fait usage de quelque cosmétique ? — Non, mon père. — Impossible ! vous m’obligerez d’en convenir. De l’eau de Ninon, peut-être ? on la dit merveilleuse. — Non, mon père, je ne m’en sers jamais ; je préfère l’eau fraîche et naturelle. »

Il parut surpris. « C’est très-singulier, de l’eau fraîche ! Peut-être est-ce bon dans la jeunesse, elle anime le teint ; mais, croyez-moi, il faut, plus tard, quelque chose de plus onctueux : la crème de rose de Paris est ce qu’il y a de mieux. Voyez madame Clay, elle en a fait usage sur ma recommandation, et ses rousseurs sont entièrement passées ; c’est absolument une autre femme. »

Si Elisabeth eût entendu cela, elle en au-