Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/60

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fut enchantée, et qu’il s’en fallut peu qu’elle ne s’écriât : Est-il possible que ce soit là cet Elliot que je n’avais nulle envie de connaître ! Elle lui faisait une ample réparation, et déclarait qu’elle n’avait jamais rencontré un homme plus agréable et plus estimable, et que si elle était encore dans l’âge d’aimer, son cœur serait en grand danger. Il réunissait tout, un esprit éclairé, des opinions solides, connaissance du monde, politesse parfaite, et un cœur brûlant et sensible. Il avait un sentiment très-vif sur l’honneur de sa famille, sans orgueil ni préjugé. Il vivait d’une manière digne d’un homme riche sans cependant déployer trop de luxe, sans avoir aucun des goûts ruineux qui détruisent les plus belles fortunes. Il jugeait par lui-même des choses essentielles sans se laisser entraîner par l’opinion des autres, à laquelle il cédait cependant pour tout ce qui regardait le décorum et les usages reçus. Il était ferme sans opiniâtreté, réfléchi sans pédanterie, modeste et candide sans faiblesse et sans imprudence ; n’étant ni intéressé ni égoïste ; sentant le prix de ce qui était aimable, et, par-dessus tout, du bonheur domestique ; vif et animé sans ce faux enthousiasme, cette violente agitation, incompatibles