Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/73

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soutint, la consola. Ayant perdu aussi ses parens dans sa grande jeunesse, elle obtint de ses tuteurs, qui voulaient la retirer de la pension, de l’y laisser encore une année, qu’elle consacra en partie à adoucir les douleurs de sa jeune amie, à qui elle fut utile de plus d’une manière.

Cette année expirée, miss Hamilton partit, et bientôt après se maria avec un homme très-riche, à ce qu’on disait, nommé Smith : de ce moment leur correspondance avait cessé ; Alice ne savait plus ce qu’elle était devenue, mais ne l’avait pas oubliée. Le désir d’en apprendre des nouvelles la conduisit chez leur ancienne maîtresse, à qui d’ailleurs elle voulait faire une visite. Ce qu’elle apprit d’elle réveilla toute son amitié. Madame Smith était veuve, était pauvre, et, de plus, affligée d’une douleur rhumatismale qui s’était jetée sur les jambes et la rendait complètement impotente. Elle était venue chercher du soulagement aux eaux de Bath, et demeurait près des bains chauds. Madame Smith vivait très-chétivement, et n’avait pas même le moyen de payer une domestique, que sa situation lui aurait rendue si nécessaire : elle était donc, tant par son état de gêne que par sa maladie, privée de toute société.