Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/75

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de l’aisance, une figure régulière et pleine d’expression ; tandis que ces douze ans avaient transformé la charmante miss Hamilton, remarquable par sa belle taille, son agilité, son air de santé, en une pauvre veuve infirme, isolée, recevant comme une faveur la visite de son ancienne protégée. Mais tout ce qu’il y avait de pénible dans cette rencontre s’évanouit bientôt, et il ne resta que le charme du souvenir de leur liaison, de la reconnaissance de miss Elliot pour les bontés que miss Hamilton avait eues pour elle, et de celle de madame Smith pour la visite d’Alice. Celle-ci retrouva bientôt chez son ancienne amie tout ce qui l’avait attachée, du bon sens et de la raison sans pédanterie, cette grâce naturelle dans l’esprit et dans les manières, qui lui avait servi de modèle, et, de plus, une aimable gaîté, une sérénité à laquelle elle était loin de s’attendre. Ni la dissipation du grand monde, où elle avait vécu avec son mari ; ni les privations et sa retraite actuelles, ni la maladie, ni le chagrin, ne paraissaient avoir resserré son cœur ou abattu son esprit.

Dans une seconde visite, elle s’ouvrit davantage, et l’étonnement d’Alice augmenta ; elle pouvait à peine imaginer une situation