Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeune femme la plus rare qu’il eût rencontrée : son caractère, ses manières, son esprit, sa figure même si jolie et si expressive, lui semblaient un modèle de perfection. Il se rencontrait très-bien avec lady Russel, lorsqu’ils discutaient ensemble sur les mérites d’Alice ; et celle-ci, à qui lady Russel rapportait fidèlement ces entretiens, ne pouvait être insensible à de tels éloges, donnés par un homme dont elle estimait le jugement et la sensibilité ; elle en éprouvait une sensation très-agréable, que son amie était charmée d’exciter.

Lady Russel avait la plus haute opinion de M. Elliot ; elle était convaincue qu’il pensait sérieusement à obtenir la main d’Alice, s’il parvenait à toucher son cœur ; elle pensait que rien n’était plus facile, et commençait à calculer le nombre de semaines qui lui restaient encore à porter le grand deuil, et à retrouver tous ses moyens de plaire. Elle n’osait dire à son élève la moitié de ce qu’elle pensait sur ce sujet ; mais elle ne pouvait s’empêcher de lui donner à entendre assez clairement qu’un attachement mutuel entre elle et son cousin était très-possible et très-désirable, vu leurs rapports de naissance, de caractère, d’opinion ; elle alla même jusqu’à lui dire un jour que le