Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/90

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l’instant le prestige de bonheur qui s’était emparé de son imagination : le charme du titre de lady Elliot, celui de posséder Kellinch-Hall, s’évanouirent ; elle n’eut plus qu’une seule pensée, c’est qu’il lui serait impossible d’accepter la main de son cousin ; et ce n’était pas seulement parce qu’elle sentait encore l’impression de son premier amour, elle espérait bien triompher de ce sentiment, que la raison et bientôt le devoir allaient condamner ; mais son jugement, son opinion, étaient contre M. Elliot.

D’abord, elle ne le connaissait que depuis un mois, et ce n’était pas assez pour étudier le caractère de l’homme à qui on veut unir sa destinée. Il était agréable, il parlait bien, il professait de très-bonnes opinions, il paraissait sensible, il semblait avoir un jugement sain et éclairé, il avait de l’esprit naturel et de l’instruction ; sur tout cela elle lui rendait justice, et convenait que c’était plus qu’on ne peut attendre du commun des hommes ; mais ce n’était pas assez pour elle : elle voulait estimer et considérer son mari au-dessus de tous les hommes, et pour cela il fallait qu’elle fût sûre de la rectitude de ses principes en religion et en morale. Certainement il connaissait ce qui était bien ou