Page:Austen - La Nouvelle Emma T1 et 2.djvu/162

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chargé d’elle, il ne paraît pas qu’on ait eu l’intention qu’elle fût introduite parmi ce que vous appellez la bonne société. Après avoir reçu une mince éducation, on la laisse entre les mains de madame Goddard, pour devenir ce qu’elle pourra ; vivre comme elle, et voir la même compagnie que celle que fréquente madame Goddard. Ses parens pensaient que cela suffisait pour elle, et certes ils avaient raison. Elle n’en désirait pas davantage ; jusqu’au temps où vous vous êtes mis dans la tête d’en faire votre amie, elle n’avait aucun dégoût pour ses pareils, ni l’ambition de se mettre au-dessus d’eux. Elle était aussi heureuse que possible, l’été passé, chez les Martin ; elle n’avait alors aucune idée de supériorité sur eux : et si elle en a à présent, c’est à vous qu’elle le doit. Vous n’avez pas été la véritable amie d’Henriette, Emma.