Page:Austen - La Nouvelle Emma T4.djvu/101

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festait pas le moindre chagrin. Emma la regardait sans pouvoir parler.

« Auriez-vous jamais imaginé, s’écria Henriette, qu’il peut être amoureux d’elle ? C’est cependant possible (rougissant) ; car vous lisez dans le cœur de tout le monde. »

« Sur ma parole, dit Emma, je commence à douter que j’aie ce talent-là. Pouvez-vous me demander sérieusement, Henriette, s’il m’était possible de croire qu’il fut attaché à une autre femme, tandis que je vous encourageais tacitement, sinon ouvertement, à vous abandonner à la passion que vous sentiez pour lui ? Je n’ai jamais eu le moindre soupçon que Frank Churchill aimât mademoiselle Fairfax ; ce n’est que depuis une heure que je l’ai appris. Si je l’avais su, vous êtes bien sûre que je vous aurais avertie du danger que vous couriez. »