Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/142

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tout particulièrement. Ses projets actuels ne pouvaient lui faire oublier qu’Elizabeth avait été la première à attirer son attention, la première à écouter ses confidences avec sympathie, la première à mériter son admiration. Aussi, dans la façon dont il lui souhaita un heureux séjour, en lui rappelant quel genre de personne elle allait trouver en lady Catherine de Bourgh, et en exprimant l’espoir que là comme ailleurs leurs opinions s’accorderaient toujours, il y avait un intérêt, une sollicitude à laquelle Elizabeth fut extrêmement sensible, et, en le quittant, elle garda la conviction que, marié ou célibataire, il resterait toujours à ses yeux le modèle de l’homme aimable.

La distance jusqu’à Londres n’était que de vingt-quatre milles et, partis dès le matin, les voyageurs purent être chez les Gardiner à Gracechurch street vers midi. Jane qui les guettait à une fenêtre du salon s’élança pour les accueillir dans le vestibule. Le premier regard d’Elizabeth fut pour scruter anxieusement le visage de sa sœur et elle fut heureuse de constater qu’elle avait bonne mine et qu’elle était aussi fraîche et jolie qu’à l’ordinaire. Sur l’escalier se pressait toute une bande de petits garçons et de petites filles impatientes de voir leur cousine ; l’atmosphère était joyeuse et accueillante, et la journée se passa très agréablement, l’après-midi dans les magasins et la soirée au théâtre.

Elizabeth s’arrangea pour se placer à côté de sa tante. Elles commencèrent naturellement par s’entretenir de Jane, et Elizabeth apprit avec plus de peine que de surprise que sa sœur, malgré ses efforts pour se dominer, avait encore des moments d’abattement. Mrs. Gardiner donna aussi quelques détails sur la visite de miss Bingley et rapporta plusieurs conversations qu’elle avait eues avec Jane, qui prouvaient que la jeune fille avait renoncé à cette relation d’une façon définitive.

Mrs. Gardiner plaisanta ensuite sa nièce sur l’infi-