Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/189

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empêcher de vous renseigner auprès de mon cousin. C’est pour vous en donner la possibilité que j’essaierai de mettre cette lettre entre vos mains dans le courant de la matinée.

« Je n’ajoute qu’un mot : Dieu vous garde !


« Fitzwilliam Darcy. »




XXXVI


Si Elizabeth, lorsqu’elle avait pris la lettre de Mr. Darcy, ne s’attendait pas à trouver le renouvellement de sa demande, elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle pouvait contenir. On se figure l’empressement qu’elle mit à en prendre connaissance et les sentiments contradictoires qui l’agitèrent pendant cette lecture. Tout d’abord, elle trouva stupéfiant qu’il crût possible de se justifier à ses yeux. Elle était convaincue qu’il ne pouvait donner aucune explication dont il n’eût à rougir, et ce fut donc prévenue contre tout ce qu’il pourrait dire qu’elle commença le récit de ce qui s’était passé à Netherfield.

Elle lisait si avidement que, dans sa hâte de passer d’une phrase à l’autre, elle était incapable de saisir pleinement le sens de ce qu’elle avait sous les yeux. La conviction affirmée par Darcy au sujet de l’indifférence de Jane fut accueillie avec la plus grande incrédulité, et l’énumération des justes objections qu’il faisait au mariage de Bingley avec sa sœur l’irritèrent trop pour qu’elle consentît à en reconnaître le bien-fondé. Il n’exprimait aucun regret qui pût atténuer cette impression ; le ton de la lettre n’était pas contrit mais hautain ; c’était toujours le même orgueil et la même insolence.

Mais quand elle parvint au passage relatif à Wickham, quand, avec une attention plus libre, elle