montant des dettes, et de l’autre le chiffre du capital ajouté à la dot de Lydia, nous saurons exactement ce qu’a fait pour eux Mr. Gardiner, car Wickham n’a pas six pence lui appartenant en propre. Jamais nous ne pourrons assez reconnaître la bonté de mon oncle et de ma tante. Avoir pris Lydia chez eux, et lui accorder pour son plus grand bien leur protection et leur appui est un acte de dévouement que des années de reconnaissance ne suffiront pas à acquitter. Pour le moment, la voilà près d’eux, et si un tel bienfait n’excite pas ses remords, elle ne mérite pas d’être heureuse. Quel a dû être son embarras devant ma tante, à leur première rencontre !
— Efforçons-nous d’oublier ce qui s’est passé de part et d’autre, dit Jane. J’ai espoir et confiance qu’ils seront heureux. Pour moi, du moment qu’il l’épouse, c’est qu’il veut enfin rentrer dans la bonne voie. Leur affection mutuelle les soutiendra, et je me dis qu’ils mèneront une vie assez rangée et raisonnable pour que le souvenir de leur imprudence finisse par s’effacer.
— Leur conduite a été telle, répliqua Elizabeth, que ni vous, ni moi, ni personne ne pourrons jamais l’oublier. Il est inutile de se leurrer sur ce point.
Il vint alors à l’esprit des jeunes filles que leur mère, selon toute vraisemblance, ignorait encore les nouvelles reçues. Elles allèrent donc trouver leur père dans la bibliothèque, et lui demandèrent si elles devaient mettre elles-mêmes Mrs. Bennet au courant. Il était en train d’écrire et, sans lever la tête, répondit froidement :
— Faites comme il vous plaira.
— Pouvons-nous emporter la lettre de mon oncle pour la lui lire ?
— Emportez tout ce que vous voulez, et laissez-moi tranquille.
Elizabeth prit la lettre sur le bureau, et les deux sœurs montèrent chez Mrs. Bennet. Kitty et Mary se trouvaient auprès d’elle, si bien que la même commu-