Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/291

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revenu au bout de dix minutes et l’on s’est mis en route. Depuis, j’ai réfléchi que si mon oncle avait été retenu, le mariage aurait pu quand même avoir lieu, car Mr. Darcy aurait pu très bien le remplacer.

— Mr. Darcy !… répéta Elizabeth abasourdie.

— Mais oui ! Vous savez qu’il devait venir avec Wickham… Oh ! mon Dieu ! J’ai oublié que je ne devais pas souffler mot de cela ! Je l’avais si bien promis ! Que va dire Wickham ? C’était un tel secret…

— S’il en est ainsi, dit Jane, ne nous dites pas un mot de plus et soyez assurée que je ne chercherai pas à en savoir davantage.

— Certainement, appuya Elizabeth qui pourtant était dévorée de curiosité, nous ne vous poserons pas de questions.

— Merci, dit Lydia ; car si vous m’en posiez, je vous dirais tout, et Wickham serait très fâché.

Devant cet encouragement, Elizabeth, pour pouvoir tenir sa promesse, fut obligée de se sauver dans sa chambre.

Mais demeurer dans l’ignorance de ce qui s’était passé était chose impossible, ou du moins il était impossible de ne pas chercher à se renseigner. Ainsi, Mr. Darcy avait assisté au mariage de sa sœur !

Les suppositions les plus extravagantes traversèrent l’esprit d’Elizabeth sans qu’aucune pût la satisfaire. Celles qui lui plaisaient davantage parce qu’elles donnaient une grande noblesse à la conduite de Mr. Darcy, lui semblaient les plus invraisemblables. Incapable de supporter plus longtemps cette incertitude, elle saisit une feuille de papier et écrivit à sa tante une courte lettre où elle la priait de lui expliquer les paroles échappées à Lydia.

« Vous comprendrez facilement combien je suis curieuse de savoir comment un homme qui ne nous est nullement apparenté, qui n’est même pas un ami de notre famille, pouvait se trouver parmi vous dans une telle circonstance. Je vous en prie, écrivez-moi tout