Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/299

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chait et lui causait un plaisir mêlé de regret en lui montrant à quel point son oncle et sa tante étaient convaincus qu’il subsistait toujours entre elle et Mr. Darcy un lien d’affection et de confiance.

Un bruit de pas la tira de ses réflexions, et avant qu’elle eût pu prendre une autre allée, Wickham était près d’elle.

— J’ai peur d’interrompre votre promenade solitaire, ma chère sœur, dit-il en l’abordant.

— Assurément, répondit-elle avec un sourire, mais il ne s’ensuit pas que cette interruption me soit déplaisante.

— Je serais navré qu’elle le fût. Nous avons toujours été bons amis, nous le serons encore davantage maintenant.

— Oui, certes, mais où sont donc les autres ?

— Je n’en sais rien. Mrs. Bennet et Lydia vont en voiture à Meryton. Alors, ma chère sœur, j’ai appris par votre oncle et votre tante que vous aviez visité Pemberley ?

Elle répondit affirmativement.

— Je vous envie presque ce plaisir ; je crois cependant que ce serait un peu pénible pour moi, sans quoi je m’y arrêterais en allant à Newcastle. Vous avez vu la vieille femme de charge ? Pauvre Reynolds ! elle m’aimait beaucoup. Mais, naturellement, elle ne vous a pas parlé de moi.

— Si, pardon.

— Et que vous a-t-elle dit ?

— Que vous étiez entré dans l’armée, et qu’elle craignait fort… que vous n’eussiez pas très bien tourné ! À de telles distances, vous le savez, les nouvelles arrivent parfois fâcheusement défigurées.

— C’est certain, fit-il en se mordant les lèvres.

Elizabeth espérait l’avoir réduit au silence, mais il reprit bientôt :

— J’ai été surpris de voir Darcy à Londres le mois dernier. Nous nous sommes croisés plusieurs