Aller au contenu

Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que tous les messieurs du voisinage ne pouvaient se dispenser de faire à Mr. Bingley, à l’occasion de son retour.

— C’est un usage que je trouve ridicule, répliqua Mr. Bennet. S’il a besoin de notre société, qu’il vienne lui-même ; il sait où nous habitons et je ne vais pas perdre mon temps à visiter mes voisins à chacun de leurs déplacements.

— Tout ce que je puis dire, c’est que votre abstention sera une véritable impolitesse. En tout cas, cela ne m’empêchera pas de l’inviter à dîner. Nous devons recevoir bientôt Mrs. Lang et les Goulding. Cela fera treize en nous comptant. Il arrive à point pour faire le quatorzième.

— Je commence décidément à regretter son retour, confia Jane à Elizabeth. Ce ne serait rien, je pourrais le revoir avec une parfaite indifférence s’il ne fallait pas entendre parler de lui sans cesse. Ma mère est remplie de bonnes intentions mais elle ne sait pas — personne ne peut savoir — combien toutes ses réflexions me font souffrir. Je serai vraiment soulagée quand il repartira de Netherfield.

Enfin, Mr. Bingley arriva. Mrs. Bennet s’arrangea pour en avoir la première annonce par les domestiques afin que la période d’agitation et d’émoi fût aussi longue que possible. Elle comptait les jours qui devaient s’écouler avant qu’elle pût envoyer son invitation, n’espérant pas le voir auparavant. Mais le troisième jour au matin, de la fenêtre de son boudoir, elle l’aperçut à cheval qui franchissait le portail et s’avançait vers la maison.

Ses filles furent appelées aussitôt pour partager son allégresse.

— Quelqu’un l’accompagne, observa Kitty. Qui est-ce donc ? Eh ! mais on dirait que c’est cet ami qui était toujours avec lui l’an passé, Mr… ; — comment s’appelle-t-il donc ? — vous savez, cet homme si grand et si hautain ?…