Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/328

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— Je vous cherchais justement, Lizzy, lui dit-il, entrez ici avec moi.

Elle le suivit, curieuse de ce qu’il allait lui dire, intriguée par cette lettre qui devait avoir une certaine importance. L’idée la frappa brusquement qu’elle venait peut-être de lady Catherine, ce qui lui fit entrevoir non sans effroi toute une série d’explications où il lui faudrait s’engager. Elle suivit son père jusque devant la cheminée, et tous deux s’assirent. Mr. Bennet prit la parole :

— Je viens de recevoir une lettre qui m’a causé une surprise extrême ; comme elle vous concerne tout particulièrement, il faut que je vous en dise le contenu. J’ignorais jusqu’alors que j’avais « deux » filles sur le point de se lier par les nœuds sacrés du mariage. Permettez-moi de vous adresser mes félicitations pour une conquête aussi brillante.

La couleur monta aux joues d’Elizabeth, subitement convaincue que la lettre venait, non pas de la tante, mais du neveu. À la fois satisfaite qu’il en vînt à se déclarer et mécontente que la lettre ne lui fût pas adressée, elle entendit son père poursuivre :

— Vous avez l’air de comprendre de quoi il s’agit, — les jeunes filles, en ces matières, sont douées d’une grande pénétration, — mais je crois pouvoir défier votre sagacité elle-même de deviner le nom de votre admirateur. Cette lettre vient de Mr. Collins.

— De Mr. Collins ? Que peut-il bien avoir à raconter ?

— Des choses très à propos, bien entendu. Sa lettre commence par des félicitations sur le « prochain hyménée » de ma fille Jane, dont il a été averti, semble-t-il, par le bavardage de ces braves Lucas. Je ne me jouerai pas de votre impatience en vous lisant ce qu’il écrit là-dessus. Voici le passage qui vous concerne :

« Après vous avoir offert mes sincères congratulations et celles de Mrs. Collins, laissez-moi faire une discrète allusion à un événement analogue que nous