elle embrassa l’une tendrement en l’assurant de la joie qu’elle aurait toujours à la revoir et serra la main de l’autre presque amicalement. Elizabeth, de son côté, se sentait de très joyeuse humeur en prenant congé.
L’accueil qu’elles reçurent de leur mère en arrivant à Longbourn fut moins cordial. Mrs. Bennet s’étonna de leur retour et les blâma sévèrement d’avoir donné à leurs hôtes l’embarras de les faire reconduire. De plus, elle était bien sûre que Jane avait repris froid ; mais leur père, malgré l’expression laconique de son contentement, était très heureux de les voir de retour. Ses filles aînées lui avaient beaucoup manqué ; il avait senti la place qu’elles occupaient à son foyer, et les veillées familiales, en leur absence, avaient perdu beaucoup de leur animation et presque tout leur charme.
Elles trouvèrent Mary plongée dans ses grandes études et, comme d’habitude, prête à leur lire les derniers extraits de ses lectures accompagnées de réflexions philosophiques peu originales. Catherine et Lydia avaient des nouvelles d’un tout autre genre ; il s’était passé beaucoup de choses au régiment depuis le précédent mercredi : plusieurs officiers étaient venus dîner chez leur oncle ; un soldat avait été fustigé et le bruit du prochain mariage du colonel Forster commençait à se répandre.
— J’espère, ma chère amie, que vous avez commandé un bon dîner pour ce soir, dit Mr. Bennet à sa femme en déjeunant le lendemain, car il est probable que nous aurons un convive.
— Et qui donc, mon ami ? Je ne vois personne qui soit dans le cas de venir, sauf peut-être Charlotte Lucas, et je pense que notre ordinaire peut lui suffire.
— Le convive dont je parle est un gentleman et un étranger.