beth, qui n’était séparée d’elle que par lady Lucas, eut la mortification d’entendre sa mère parler ouvertement à sa voisine de ses espérances maternelles. Entraînée par son sujet, Mrs. Bennet ne se lassait pas d’énumérer les avantages d’une telle union : un jeune homme si bien, si riche, n’habitant qu’à trois milles de Longbourn ! dont les sœurs montraient tant d’affection pour Jane et souhaitaient certainement cette alliance autant qu’elle-même. D’autre part, quel avantage pour les plus jeunes filles que le beau mariage de leur aînée qui les aiderait sans doute à trouver elles aussi des partis avantageux. Enfin Mrs. Bennet serait très heureuse de pouvoir les confier à la garde de leur sœur et de se dispenser ainsi de les accompagner dans le monde. C’est là un sentiment qu’il est d’usage d’exprimer en pareille circonstance, mais il était difficile de se représenter Mrs. Bennet éprouvant, à n’importe quel âge, une si grande satisfaction à rester chez elle.
Elizabeth essayait d’arrêter ce flot de paroles ou de persuader à sa mère de mettre une sourdine à sa voix, car elle rougissait à la pensée que Mr. Darcy, qui était assis en face d’elles, ne devait presque rien perdre du chuchotement trop intelligible de Mrs. Bennet, mais celle-ci ne répondit qu’en taxant sa fille d’absurdité.
— Et pour quelle raison dois-je avoir si grand’peur de Mr. Darcy, je vous prie ! L’amabilité qu’il nous montre m’oblige-t-elle donc à ne pas prononcer une parole qui puisse avoir le malheur de lui déplaire ?
— Pour l’amour du ciel, ma mère, parlez plus bas. Quel avantage voyez-vous à blesser Mr. Darcy ? Cela ne sera certainement pas une recommandation pour vous auprès de son ami.
Tout ce que put dire Elizabeth fut absolument inutile ; sa mère continua à parler de ses espoirs d’avenir avec aussi peu de réserve. Rouge de honte et de contrariété, Elizabeth ne pouvait s’empêcher de regarder