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abonnée volontiers à en recevoir une semblable chaque semaine, quoiqu’elle ne lui apprit rien de fort intéressant.

Cependant Fanny trouva bientôt une véritable source de jouissances dans une connoissance plus approfondie de Susanne, et dans la conviction de lui être utile. En l’observant d’une manière suivie, elle vit qu’il y avoit de grandes ressources dans la bonté de son cœur et dans la droiture de son jugement. C’étoit une tâche bien nouvelle pour Fanny que d’avoir à diriger quelqu’un, elle qui avoit une opinion si modeste d’elle-même qu’à peine se fioit-elle à ses propres lumières pour ce qui la regardoit, mais Susanne lui montroit de la confiance et un grand désir d’obtenir son approbation. Elle résolut de mettre ces heureuses dispositions à profit pour l’avertir avec amitié de ce qui lui paroissoit repréhensible dans sa conduite et dans ses manières. Susanne cherchoit la vérité de bonne foi, et Fanny avoit la satisfaction de voir souvent le bon effet de ses conseils. Lorsqu’elle considérait l’éducation que sa sœur avoit reçue et l’ensemble des circonstances, elle admiroit qu’elle pût avoir conservé, au milieu de tant d’erreurs et de négligence, un esprit aussi sain et des intentions aussi droites.