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contente de cet arrangement si ce n’avoit été pour Edmond une nouvelle occasion de louer avec chaleur l’obligeance et l’esprit conciliant de miss Crawford. Pendant toute cette journée, Fanny vit avec une espèce d’envie la gaieté générale, l’activité des préparatifs, l’importance que chacun acquéroit aux yeux de tous par le besoin réciproque de s’entendre. Elle seule restoit en dehors de cet intérêt. On n’avoit rien à lui dire. On ne s’apercevoit pas de son absence. S’il y avoit eu de la sympathie entr’elle et Julia, elles se seroient rapprochées dans cette occasion où les circonstances devoient mettre quelqu’analogie dans leurs sentimens, mais il n’y en avoit aucun dans leurs caractères. Julia qui se croyoit trahie avoit le cœur profondément ulcéré. Elle éprouvoit des mouvemens de haine dont l’ame douce de Fanny n’étoit point susceptible.

Quelques jours se passèrent encore dans l’agitation des préparatifs, et Fanny s’aperçut bientôt que tout n’étoit pas plaisir, même pour ceux qui paroissoient avoir atteint le but de tous leurs vœux.

Malgré les représentations d’Edmond, son frère avoit fait venir de la ville un peintre de décoration. Cette fantaisie devenoit très-couteuse