Page:Austen - Mansfield-Park.djvu/85

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donnoit cette commission à ses gens, il se retourna vers Flora, et voyant qu’elle étoit seule dans le sallon, il lui dit : “ j’ai aussi une autre espèce de chasse en vue. Devinez un peu à quoi je compte employer mes loisirs, car je suis trop paresseux pour courir tous les jours avec ma meute. „

“ Mais en vérité je ne sais pas trop. Vous ne pourriez rien faire de mieux, mon cher frère, que de vous promener beaucoup avec moi, tantôt à pied, tantôt à cheval. „

“ Assurément, ma chère sœur, ce projet là m’est fort agréable ; mais ce n’est pas ce que j’entends. Il faut un nouvel aliment à l’activité de mon esprit. Mes facultés s’engourdissent dans le repos. Un peu d’amour me réveilleroit, et j’ai jeté les yeux sur Fanny Price. „

“ Bon ! quelle folie ! ne vous suffit-il pas d’avoir tourné la tête à ses deux cousines ? „

“ Non ; celle-ci a beaucoup plus d’attrait pour moi. Vous n’avez point d’yeux vous autres femmes pour ces sortes de choses. Vous avez vu Fanny tous les jours, et vous ne vous êtes pas aperçu de l’étonnant développement de graces et de beauté qui s’est fait chez elle depuis six semaines. c’est inouï ce qu’elle a gagné. A peine l’avois-je regardée, moi ; mais à présent c’est une charmante figure,